1. Claire, une femme libre
Claire d’Assise, « petite plante » de François… Son prénom évoque toute la douceur lumineuse de l’Ombrie et donne à rêver !… Mais qui est-elle ?… Elle apparaît si souvent noyée dans la lumière solaire du Poverello que son originalité et même son identité s’estompent.
Il nous est bon de la redécouvrir pour elle-même ! Fidèle disciple de François, attachée à lui par l’amitié et surtout par une même passion de vie évangélique, elle n’en demeure pas moins profondément libre et spirituellement originale. Merveilleux visage féminin, elle nous révèle un reflet de la force et de la tendresse de Dieu. Elle nous étonne par son audace et son courage, tout en nous séduisant par sa spiritualité empreinte d’allégresse, de légèreté, de jubilation.
Claire naquit à Assise en 1193. Elle était la fille de Favarone di Offreduccio et d’Ortolana, qui appartenaient tous deux à la noblesse assisiate. Sa mère, enceinte pour la première fois, s’entendit révéler que son enfant serait « une grande lumière pour un grand nombre » et elle donna à sa petite fille, le nom de Claire.
A l’époque des cathédrales et des croisades, les filles de familles nobles ou aristocratiques recevaient une éducation soignée et une formation intellectuelle qui n’avait rien à envier à celle des garçons. Dans la société du Moyen-Age, les femmes jouissaient d’un rôle considérable et savaient s’imposer. Ces circonstances historiques feront de Claire une femme cultivée, intelligente, organisée, de tempérament passionné, quoique toujours empreint de sérénité et d’équilibre.
Adulte, elle surprendra par la force de son caractère : ses choix radicaux ne lui semblent dictés que par Dieu. Ne considère-t-elle pas qu’il faut « par-dessus tout désirer avoir l’Esprit du Seigneur et le laisser agir en nous ». Là est la source de sa détermination intérieure. Libre, Claire le sera vis-à-vis de sa famille et des projets qu’on y forme pour elle, libre aussi à l’égard des structures classiques de la vie religieuse de son époque, libre encore par rapport à François, même si celui-ci a été dès le départ et jusqu’à sa mort « la colonne et l’appui de sa vocation ».
Claire a 16 ou 17 ans lorsqu’elle le rencontre pour la première fois. En 1210, François invité par l’évêque, prêche le carême en la cathédrale d’Assise. Quelle révélation pour Claire ! Les paroles et la vie du petit pauvre donnent tout à coup une forme concrète à ce que l’Esprit lui murmure au fond du cœur, depuis l’enfance. Elle cherche à rencontrer François et y arrive secrètement. De ces entretiens nous savons peu de chose, sinon que celui-ci « « l’exhorte à se donner toute à Jésus-Christ ».
Christine Daine, clarisse