Les textes fondateurs

Voilà ce que je désire accomplir.

A l’époque où il venait de terminer le chantier de Saint-Damien, le bienheureux François portait un habit d’ermite: il marchait tenant un bâton à la main, les pieds chaussés et une ceinture de cuir autour des reins.

Un jour, durant la célébration de la messe, il entendit les paroles que le Christ avait dites à ses disciples en les voyant prêcher, c’est-à-dire: qu’il n’emportent sur la route ni or, ni argent, ni bourse, ni besace, ni pain, ni bâton, et qu’ils n’aient ni chaussures, ni deux tuniques. Le prêtre lui expliqua par la suite plus clairement ce texte qui remplit François d’une joie indicible: « Voilà, dit-il, ce que de toutes mes forces je désire accomplir ».

Ayant confié à sa mémoire tout ce qu’il vient d’entendre, il s’efforce de l’accomplir dans la joie. Il se défait sur le champ de tout ce qui’l a en double et désormais n’utilise plus ni bâton, ni souliers, ni bourse, ni besace. Il se fait une tunique tout à fait méprisable et grossière, retire sa ceinture et la remplace par une corde. Ces mots nouveaux de l’Evangile deviennent sa préoccupation principale, il cherche comment il pourrait les mettre en oeuvre.

Sous l’impulsion divine, il commence à apparaître comme le messager de la perfection évangélique et à prêcher la pénitence simplement et en public. Ses paroles n’étaient ni creuses ni ridicules, mais pleines de la force de l’Esprit-Saint ; elles pénétraient au plus profond du coeur, au point de provoquer un profond étonnement chez ceux qui l’écoutaient.

Comme il en témoigne lui-même plus tard, une révélation divine lui avait appris cette salutation: « Que le Seigneur vous donne la paix. » C’est pourquoi, chaque fois qu’il prêchait, au début de son sermon il saluait le peuple en annonçant la paix.

Légende des Trois Compagnons (25, 26)

 

Vivre selon le Saint Evangile

Voici comment le Seigneur me donna, à moi frère François, la grâce de commencer à faire pénitence. Au temps où j’étais encore dans les péchés, la vue des lépreux m’était insoutenable.

Mais le Seigneur lui-même me conduisit parmi eux ; je les soignai de tout mon coeur ; et au retour, ce qui m’avait semblé si amer s’était changé pour moi en douceur pour l’esprit et pour le corps. Ensuite, j’attendis un peu, et je dis adieu au monde.

Après que le Seigneur m’eut donné des frères, personne ne me montra ce que je devais faire, mais le Très-Haut lui-même me révéla que je devais vivre selon le saint Evangile.

François d’Assise – Testament (1-3 ; 14)

 

Aime-le plus que moi

Au frère N…, ministre : que le Seigneur te bénisse !

Je vais t’expliquer comme je le puis ton cas de conscience. Des soucis ou des gens – frères et autres pesonnes – t’empêchent d’aimer le Seigneur Dieu ? Eh bien ! même si, en plus, ils allaient jusqu’à te battre, tu devrais tenir tout cela pour une grâce. Tu dois vouloir ta situation telle qu’elle est, et non pas la vouloir différente. Aime ceux qui te causent ces ennuis. N’exige pas d’eux, sauf si le Seigneur t’indique le contraire, un changement d’attitude à ton égard. C’est tels qu’il sont que tu dois les aimer, sans même vouloir qu’ils soient (à ton égard) meilleurs chrétiens.

Voilà à quoi je reconnaîtrai que tu aimes le Seigneur, et que tu m’aimes, moi, son serviteur et le tien: si n’importe quel frère au monde, après avoir péché autant qu’il est possible de pécher, peut rencontrer ton regard, demander ton pardon, et te quitter pardonné. S’il ne demande pas pardon, demande-lui, toi, s’il veut être pardonné. Et même si après cela il péchait encore mille fois contre toi, aime-le plus encore que tu m’aimes, et cela pour l’amener au Seigneur.

François d’Assise – Lettre à un ministre