4. Claire parmi ses sœurs
Désormais, le propos évangélique de Claire va s’inscrire tout naturellement à contre-courant des rapports de force liés à la richesse et à la puissance temporelle. Ce n’est pas sans raison que plus tard, dans sa Règle, elle donnera comme dénomination à son Ordre celle de « Sœurs-Pauvres ».
A la source de la vie fraternelle qu’elle promeut, il y a « l’amour inouï du Fils du Très-Haut, maître du ciel et de la terre, qui s’est fait petit enfant, est né pauvre, a vécu pauvre parmi les hommes, est mort nu sur une croix pour nous révéler son amour et nous enrichir de sa pauvreté ». La pauvreté et l’humilité de Jésus, voilà bien la seule richesse à partager entre sœurs. Mais cette vie n’est possible que dans une grande charité fraternelle où chacune, dans sa fragilité, se sent confiée à la tendresse et à la sollicitude de ses sœurs. « Qu’en toute confiance, les sœurs s’ouvrent l’une à l’autre de leurs besoins », dit-elle. Et « si une mère chérit et nourrit sa fille selon la chair, combien plus chacune ne doit-elle pas chérir et nourrir sa sœur selon l’Esprit ». Avec ses sœurs, Claire invente une convivialité simple, nourrie de l’amour même qui animait Jésus. Un amour qui chante la présence inconditionnelle de Dieu à nos existences. Un amour qui se dit par des gestes concrets, mais aussi par une tendre affection : « Vous aimant les unes les autres de la charité du Christ, l’amour que vous avez au-dedans, manifestez-le au-dehors par des actes, afin que, provoquées par cet exemple, les sœurs croissent toujours dans l’amour de Dieu et la charité mutuelle. »
Christine Daine, clarisse