6. Claire, servante des sœurs
Première femme, dans l’Eglise, à avoir composé une règle de vie pour des femmes, Claire nous surprend par la manière absolument neuve dont elle conçoit le service de l’autorité.
L’abbesse n’est pas celle qui commande, mais celle qui « dans l’office des sœurs » s’applique à pourvoir chacune selon ses besoins, « tellement bienveillante et accessible » que toutes puissent « recourir à elle à toute heure avec confiance ». Les sœurs ne se soumettent pas servilement, mais « la charité, l’humilité et l’unité qu’elles ont entre elles changent en douceur tout ce qui est pénible et amer ». Claire ne va-t-elle pas jusqu’à renverser l’ordre habituel des choses afin de marquer le caractère proprement révolutionnaire de la vie évangélique : « Que l’abbesse ait tant de familiarité avec ses sœurs que celles-ci puissent lui parler et agir avec elle comme des dames avec leur servante. Car il doit en être ainsi que l’abbesse soit la servante de toutes les sœurs. »
C’est toutes ensemble que les sœurs sont responsables de la communauté et de son enracinement dans l’Evangile : « Ce qui doit être traité pour l’utilité du monastère, que l’abbesse en confère avec toutes ses sœurs, souvent, en effet, le Seigneur révèle ce qui est meilleur à la plus petite. »
Mais ce courant de charité si précieux qui circule entre les sœurs est sans cesse menacé, mis en péril. Reprenant les paroles de François, Claire alors invite à la miséricorde, à la patience et au pardon : « l’abbesse et les sœurs doivent prendre garde de se troubler à cause du péché de quiconque, car la colère et le trouble empêchent la charité en elles-mêmes et chez les autres.»
Christine Daine, clarisse